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Mag A l'histoire vraie
9 décembre 2016

Enfin de retour

C'est une de ces belles et froides journées d'hiver. Le ciel s'est paré d'une teinte bleu glacé.

Emilie, chaudement couverte, marche, ou plutôt, flâne dans la forêt, soufflant par la bouche une épaisse buée blanche. Elle admire les rayons de soleil jouant dans les branches nues des arbres, qui ont perdu leurs feuilles voilà déjà plusieurs mois. La forêt regorge de bruissements d'ailes, de chants d'oiseaux et de craquements de branches, et le bruit grinçant des pas de la jeune fille sur le sol gelé ajoute à cette joyeuse cacophonie. Quelques sapins, toujours couverts de leurs sombres épines, se tiennent dressés çà et là, fiers et altiers.

- Emilie !

La jeune fille sursaute. Qui peut bien l'appeler, alors qu'elle est seule, au beau milieu de la forêt ? La voix, legère et cristalline, lui est inconnue. Quelques rires éclatent comme des bulles de savonl, et d'autres voix se joignent à la première :

- Emilie ! Emilie ! Viens nous voir ! Retrouve-nous !

Emilie s'est immobilisée, et tourne sur elle-même pour déterminer l'origine de ces appels, mais ils semblent venir de partout à la fois Elle tente de répondre.

- Qui êtes-vous ? Montrez-vous ! Oh Hé ! Où êtes-vous ?

Le vertige la gagne, pendant que les voix changent, devenant moins légères, se teintant de peur.

- Emilie ! Retrouve-nous ! Emilie ! On a besoin de toi !

Les rires joyeux se sont tus à présent, et un autre éclat de rire, glaçant celui-la, se fait entendre. Une voix etouffée et grinçante qui murmure "trop taaaard !" et se prolonge dans un rire diabolique.

Des sanglots ont remplacé les voix rieuses, les chants des oiseaux se sont éteints, hormis le croassement d'une corneille au loin, à moins que ce fut le rire d'une sorcière ?

Les craquements sont devenus sinistres, une brume épaisse s'infiltre entre les arbres, rendant la visibilité mauvaise.

Emilie ne reconnait pas les lieux, elle n'est pas sûre de la direction à prendre pour s'enfuir et rentrer chez elle. Le chemin semble s'effacer petit à petit, tant le brouillard devient consistant.

Paralysée, le souffle court, les mains engourdies par le froid et l'humidité, elle manque de tomber à genoux. Mais, se ressaisissant, et rassemblant tout son courage, elle s'élance dans la direction qui lui semble être la bonne, et court de toutes ses forces en espérant sortir de la forêt au plus vite. L'air glacé déchire ses poumons, et alors qu'elle veut appeler à l'aide, aucun son ne sort de sa bouche. Elle s'aperçoit soudain qu'elle court sur place, comme si elle était sur un tapis roulant. Des larmes jaillissent de ses yeux, elle est terrifiée et veut rentrer chez elle, retrouver la chaleur de son foyer, le confort de l'énorme canapé moelleux devant la cheminée, la douceur de sa maman. Mais elle reste désespérément sur place.

Tout à coup, une ombre immense tournoie au dessus d'elle avant de plonger. Terrifiée, Emilie se jette à terre en protégeant sa tête avec ses bras.

C'est à ce moment-là qu'elle se réveille en sursaut, haletant et le front en sueur. Il lui faut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle est chez elle, dans son lit. Ce cauchemar lui a semblé si réel !

Elle allume sa lampe de chevet et regarde autour d'elle. La pièce est telle qu'elle l'avait laissée en allant se coucher. Elle se lève et va dans la cuisine pour se servir un verre d'eau, qu'elle boit d'une traite. Tout est sombre et silencieux dans la maison, sa mère est couchée.

Emilie regagne sa chambre et se blottit sous la couette, les souvenirs de cet affreux rêve encore bien présents dans son esprit, elle n'ose pas éteindre tout de suite. Elle essaye de penser à autre chose, à la journée d'école qui l'attend demain, au devoir de français qu'elle n'a pas encore fait et qu'il lui faudra rendre à la fin de la semaine. Cela la fait se décider à finir le livre qu'elle doit lire dans le cadre de ce devoir et, chassant la couette, elle se relève et s'approche du bureau à la recherche du fameux ouvrage. Elle laisse trainer son regard sur une boîte qu'elle a retrouvée l'après-midi même au fond d'une étagère de son armoire, et ouverte pour y redécouvrir les trésors qu'elle avait cachés là quelques années plus tôt. Que des vieilleries sans intérêt, mais qu'elle avait à coeur de conserver. Elle a même demandé à sa mère ce que pouvait bien ouvrir cette grosse clé ancienne, et d'où elle venait, mais celle-ci a déclaré ne l'avoir jamais vue auparavant et n'avoir aucune idée de sa provenance ni de son utilité. Emilie l'avait donc remise dans sa boite qui, depuis, était restée ouverte au milieu du bureau.

La jeune fille retrouve le livre sous un cahier de mathématiques, et retourne sous la couette, ouvrant à la page 147, déplorant qu'il lui en reste encore autant à lire,tant elle trouve ce livre ennuyeux. Tellement ennuyeux qu'elle s'endort à la page 161, sa lampe de chevet restée allumée.

Si elle l'avait éteinte avant de dormir, elle se serait peut-être interrogée sur la faible source de lumière qui émane de sa boîte à trésors, et plus précisément de cette fameuse clé, qui irradie d'un doux éclat bleuté, légèrement vacillant.

Ezaël se gratte la tête. C'est de plus en plus difficile d'entrer en contact avec Emilie. Et voilà que maintenant, le sorcier s'invite même dans ses songes pour rompre le lien ténu qui existe entre Emilie et l'univers d'Ezaël. Il va devoir trouver un autre moyen, quitte à transgresser quelques règles. Où point où ils en sont de toute façon...

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  • Des contes... Sans queue ni tête, ces récits nés de mon imagination, entre éveil et sommeil, quand on ne contrôle plus le fil de nos pensées, mais qu'il ne s'agit pas encore tout à fait de rêves...
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